Réapparues sur l'eShop en 2019 via la gamme SEGA Ages, les premières péripéties d'Alex Kidd font comme d'autres jeux un peu âgés de la firme au hérisson bleu : elles se dépoussièrent. C'est à un studio espagnol, Jankenteam, qu'est revenu le plaisir de moderniser un jeu de plates-formes considéré comme un classique de la Master System et des années 80. Mais est-ce qu'à l'instar des femmes de cette époque, Alex Kidd in Miracle World DX réussit l'amalgame de l'autorité et du charme ?
Du charme, on peut le dire, ce "remake" n'en manque pas. La refonte graphique et la proposition artistique la petite équipe de développeurs constitue à coup sûr un appétissant appât, autant pour ferrer les joueurs nostalgiques que faire venir les non-initiés aux aventures de la première mascotte de SEGA. Le nouveau look ultra mignon s'accompagne d'animations franchement réussies pour notre héros aux grandes oreilles. Les arrière-plans unis laissent place à des paysages réellement magnifiques permettant au premier coup d'oeil de comprendre dans quel type d'environnement on se trouve. La variété étant clairement au rendez-vous, on peut dire que l'on traverse les forêts, châteaux, déserts, et autres villages assiégés pour le plaisir des yeux. Les oreilles ont aussi droit à de nouveaux arrangements qui rendent les compositions d'origine, difficilement oubliables, encore plus entraînantes. Pour ça, on peut parler d'un sans-faute.
Kidd de nous deux
Censé se présenter comme la réponse de la firme plus forte que toi au Super Mario Bros. de Nintendo (et ayant été initié comme un jeu Dragon Ball), Alex Kidd in Miracle World a peut-être laissé de bons souvenirs. Son ambiance, son histoire rigolote, ses bizarreries... Les plus nostalgiques seront sûrement heureux de savoir que l'on peut à tout moment repasser au jeu d'origine, un poil retouché, en appuyant sur une touche dédiée, histoire de replonger dans le jus de l'époque. Reste que certaines reliques vont avoir du mal à convaincre. La maniabilité d'Alex Kidd in Miracle World DX fait dans la fidélité absolue. Et c'est elle qui tire, en partie, ce platformer 2D vers le bas.
Contrairement au plombier, Alex est lourd, raide. La maniabilité très particulière et la façon dont les blocs à taper, ennemis à occire d'un poing à l'allonge limitée ou esquiver et pièges à éviter empêche de progresser de façon fluide et coulée. On avance dans les 17 niveaux par petits coups. Sauf en connaissant par coeur. Et encore. Les déplacements assez glissants, le léger input lag, et les sauts capricieux demandent une concentration et un doigté démentiels que des portions et aléas peu glorieux découragent. Rien que les sections aquatiques peuvent valoir une ordonnance d'anti-dépresseurs sur 3 mois. Contrairement à Mario, Alex subit violemment la poussée d'Archimède et remonte, trop vite, comme aimanté par la surface, si l'on ne se dirige pas vers le bas. On martèle pour tenter se maintenir à la bonne hauteur, tout en imprimant une direction pour avancer... Quand ça passe, on se demande si l'on n'a pas surtout eu beaucoup de chance. Les hitboxes imprécises des ennemis, qu'on ne peut pas piétiner, comme certains pièges (mention très spéciale aux éclairs, simplement scandaleux) ont tôt fait de dégoûter. Et ne parlons même pas de bugs obligeant à relancer. Présentez-vous à un boss en flottant sur un bâton magique, pour voir.
Le voyage en s'oxydant
Pour qui s'accommodera de cette humiliante rudesse et cherchera malgré tout à progresser jusqu'au bon petit plat (un onigri ou un autre mets au choix) récompensant la traversée d'un stage, il restera des motifs de satisfaction. La variété des phases, grâce à des véhicules fragiles façon Flappy Bird. Les objets pouvant autoriser les attaques à distance, le vol ou l'invincibilité temporaire, que l'on peut porter par deux. Les combats de boss à base de Pierre-Feuille-Ciseaux, même si la surprise cède vite sa place à l'agacement, vu que cela les concerne tous - avant de passer à du fight un peu plus basique et revu par rapport à l'original -, voire à la simple lassitude une fois un objet permettant de connaître le choix adverse en notre possession. En outre, la sauvegarde du niveau en cours et le droit d'opter pour un réservoir de vies infinies, qui n'empêchent guère un chargement un peu longuet pour respawn avant le segment manqué, mettra un peu de pommade. Et si vous n'en avez pas eu assez, le jeu de 1986 sans retouche, en 4:3, et un Boss Rush Mode, seuls (maigres) bonus débloqués après un run victorieux, auront tôt fait de vous remettre dans le dur. Mais si c'est ce que vous vouliez...